Dire que seul le résultat compte, n'est-ce pas nier l'action, cette pensée intégrale, et sa pleine signification. Pour ainsi dire la faire disparaître. A la limite, avec une telle affirmation, on pourrait imaginer une machine qui agirait!
Il y a de quoi faire bondir le philosophe Alain:
"Ce nom de pragmatisme désigne seulement l'esprit technicien, qui prend pour régime de ne penser que son action et de ne recevoir comme preuve que les résultats ... Cet esprit est ravageur. S'il y a quelque civilisation à espérer et quelque culture, ce n'est point par là qu'il faut les chercher."
Alain, Humanités.
Sur les mots du sujet:
Qui comptent: ce qui ne compte pas n'est pas pris en considération. Compter c'est entrer dans l'ensemble de ce qui importe.
Résultats: ce que produit une activité consciente, dirigée vers une fin. En science on l'appelle succès: "Si ce point de vue était juste, tel cas particulier en résulterait comme conséquence." Claude Bernard.
Il n'y a pas: le reste ne compte pas, peu importe ce qui a été fait.
La double affirmation de cette opinion: en affirmant la vérité du contenu, s'affirme comme définitive, comme un croyance qui exclut le doute et par là l'esprit critique. Une affirmation désertée par l'esprit doit être discutée.
Résumons et reformulons: si seule la fin poursuivie importe, alors peu importent les moyens, peu importent les efforts, le parcours effectué constitutif de l'action.
Cette question invite à réfléchir sur l'action entreprise: elle ne se réduit pas à un résultat. Il y a des échecs qui sont très profitables. Elle ne prend pas son sens des résultats.
L'action engagée et poursuivie ne saurait être remplacée par le résultat.
Lorsqu'on vous demande de réfléchir sur une opinion, un cliché, imaginez des locuteurs différents qui prononcent cette phrase pour mettre fin définitivement à un débat: demandez-vous lequel?
- Tel homme politique tranche un problème en fonction de l'efficacité, ce qui va pouvoir être mesuré, le résultat. Les éventuels dommages collatéraux ne comptent pas.
- Un chercheur qui affirme l'urgence de trouver des médicaments, pour qui la fin justifie les moyens.
- Un missionnaire qui mesurerait son action au nombre de conversions question finement traitée par Cronin dans "Les clés du royaume".
Par rapport à l'idée de bonheur, est-ce bien le résultat qui compte: le bonheur n'est-il pas dans la finalité circulaire.
- Pourquoi cette affirmation heurte-t-elle le point de vue moral, quelle intention y a-t-il derrière l'opinion qui traduit ses désirs et ses besoins en connaissance?
- Il n'y a pas d'action sans pensée? Conséquences: nécessité de critiquer l'opinion.
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