Nader
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| Sujet: Existe-t-il un système qui prenne en compte l’opinion de tous et de chacun ? 22/5/2009, 07:47 | |
| Le débat animé par Bruno Paris, le 17 05 2009
Le nombre de participants : 23
Le thème : Existe-t-il un système qui prenne en compte l’opinion de tous et de chacun ? Retenue par Janine
Les thèmes abordés : Vouloir vivre plus longtemps est-il un manque d’humanité ? Comment donner une nouvelle jeunesse au concept de communisme ? Y a-t-il deux vérités : l’une issue de la foi et l’autre de la raison ? Sommes-nous en toutes circonstances égal à nous -même ? L’homme est-il un loup pour l’homme ? Est-il possible pour chacun de ne pas être le centre du monde ? La démocratie a-t-elle deux visages ?
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La problématique La démocratie est-elle exclusivement électorale ? La démocratie ne s’appliquerait-elle que le jour de vote ? Aujourd’hui la démocratie est-elle représentative ou participative ? Le modèle représentatif est-il en crise ? La démocratie rassemble-t-elle ? Les masses médias s’adressent –elles à l’individu ? Le libéralisme prend-il en compte chacun de nous par l’utile ?
Nader Aujourd’hui dès que le vote est terminé, les politiques considèrent que les citoyens sont en vacances pour quatre ans. Le peuple pourrait-il intervenir en dehors des élections et comment ? Nous avons actuellement une dérive selon laquelle l’individualisme se développe et s’asphyxie lui-même. Pour moi, l a vraie démocratie est de proximité.
Hypothèse 1 : la démocratie de proximité serait une réponse.
Jacques On ne peut satisfaire chacun et tout le monde, c’est pourquoi on a institué la majorité, mais on adopte parfois le consensus : lorsque dans certaines circonstances particulières, une minorité ne peut perdre la face, il faut arriver à ce qu’elle n’exprime plus son désaccord. La démocratie de proximité ne peut être efficace dans les problèmes d’autoroutes et de distribution d’eau. Les grèves ont aussi leur rôle.
Hypothèse 2 : la démocratie élargie ne serait pas aussi facile.
Jonathan Le fédéralisme concilie les voies nationales et locales. A titre d’exemple, la peine de mort est diversement répartie aux Etats-Unis. Il y a la loi fédérale et la loi nationale. En politique extérieure, les concessions sont difficilement possibles.
Hypothèse 3 : le fédéralisme répondrait mieux aux grandes unités. Jean Il y a une infinité de systèmes possibles mais la démocratie représentative est notre sujet. Pour W. Churchill c’est le pire des régimes à l’exception de tous les autres. Il semblerait que l’individualisme mène à un blocage. Où apprend-on à s’éduquer en tant que citoyen ?
Bruno C’est principalement par l’éducation que l’on apprend à devenir efficace dans le collectif comme dans l’individuel.
Hypothèse 4 : L’éducation pourrait être plus active pour résoudre ce problème.
Jean Pierre En sachant faire la part à la liberté et à la démocratie, on arrive à la démocratie libérale qui cherche à établir des rapports contractuels en dehors de l’Etat.
Lysa A Boston tout se décide à l’échelle du quartier. En France, on recourt au centralisme jacobin. Prendre la mesure de l’opinion individuelle est toujours possible mais la prend en compte c’est impossible et même absurde. Les gens doivent devenir autonomes et non obtenir des droits. Le bien commun est ce qu’on doit rechercher en dépit de chacun. Chez Platon, les systèmes sont amenés à se succéder de façon cyclique. A la démocratie succède l’aristocratie et ainsi de suite ! Hypothèse 5 : Le bien commun devrait primer l’individualisme excessif.
Bruno Les élus sont soit les plus adaptés soit ceux qui ont les plus de rigueur morale. Qui en décidera ?
Jean Jaques N’est-il pas utopique de considérer que chacun est capable de renoncer à son intérêt individuel ? J’ai assisté à la grève de la FNAC. Pourquoi 11% de manifestants pourraient-ils faire la loi ?
Philippe On pourrait imaginer une démocratie pyramidale. Au sommet, au niveau de la nation, on pratiquerait le référendum mais à titre exceptionnel et la votation à titre général. Au milieu, au niveau de la représentation régionale, on pratiquerait la votation et le référendum généralisé. A la base, au niveau de la vielle et de la commune, la votation est le référendum exceptionnel.
Joëlle Il m’arrive de participer à des conseils de quartier. J’y vois très vite les phénomènes de repli qui montrent un manque d’éducation participative. L’élection implique chacun individuellement mais il y a des choses sur lesquelles on ne peut revenir.
Hypothèse 6 : la démocratie ne pourrait pas prendre en compte tous les désires individuels.
Raymond Notre système est vicié car il se fonde sur la souveraineté individuelle. Tout gouvernement a cette tendance à dégénérer de la démocratie vers la souveraineté. Toutefois, le contrat social donne à chacun le droit de s’exprimer sur l’intérêt général. Il n’y a pas de vérité absolue en politique. En 1981, Mitterand a fait des promesses qu’il n’a jamais tenues.
Mary En Irlande du nord la démocratie est en train de s’installer. Il y a 20 ans, on n’aurait jamais imaginé réunir des protestants et des catholiques au gouvernement. La démocratie s’apprend à l’école et dès la maternelle.
Bruno C’est dans le concret que l’on apprend à dialoguer, à écouter et à vivre ensemble. Il y a des carences éducatives à l’école. L’Etat a certaines obligations : par exemple, la justice. Il y a dans la démocratie actuelle la problématique de la souveraineté individuelle, comment peut-on la concilier avec la démocratie ? La pensé libérale n’a rien à voir avec le libéralisme économique selon
Alain Laurent. Comment accéder de bas en haut ? Comment accéder à un consensus sans léser personne ? L’opinion peut-elle s’affiner ? Le fédéralisme peut-il résoudre dans tous les cas la contradiction entre Etat et région ? Les propriétés comme l’eau et l’énergie seront-elles bien gérées ? Le contrat social n’empêche jamais les représentants élus de trahir, c’est pourquoi il vaut mieux voter sur un projet que sur des principes moraux.
Hypothèse 7 : pour résoudre les problèmes des abus et de la trahison mieux vaut que voter pour un projet que pour une personne morale avec un mandat déterminé.
José Nous sommes dans un système électif où chaque personne est portée par un projet ou un appétit ou un désir mais le système consumériste contredit violemment le système électif. Il arrive même que ce soient les enfants fassent la loi.
Hypothèse 8 : le système consumériste dominant serait un danger pour la démocratie.
Nader Je souhaiterais soulever quatre problèmes qu’on n’a pas abordés. Premièrement, on n’a pas abordé les rapports de la démocratie et de la justice sociale. Le fossé entre les riches et les pauvres se creusent et la richesse devrait être mieux répartie. Puis, les médiats ont trop souvent un rapport de connivence avec l’Etat. Ils ne critiquent pas mais ils deviennent complices. Ensuite, l’opinion publique n’est pas à l’abri de la manipulation. Seule l’éducation pourrait y remédier. Enfin, le bien commun n’est plus au cœur de la société à cause d’une dérive individualiste. Marcel Gaucher dans son article dans Libération du 28 avril 2009, intitulé, La démocratie du privé perturbe le collectif, prétend que l’individualisme actuel compromet l’avenir de la démocratie. Cette drive individualiste risquerait de nous reprolonger dans l’autoritarisme.
Bruno Je vous conseil de lire « Le maitre ignorant » de Jacques Rancière[1]
[1]Jacques Rancière (né en 1940), est philosophe, professeur émérite à l'Université de Paris VIII (Saint-Denis). Élève de Louis Althusser, il participe en 1965 à Lire le Capital avant de se démarquer rapidement de son ancien professeur. En 1974, il écrit La Leçon d'Althusser, qui remet en cause sa démarche. À la fin des années 1970, il anime avec d'autres jeunes intellectuels comme Joan Borell, Arlette Farge, Geneviève Fraisse, le collectif Révoltes Logiques qui, sous les auspices de Rimbaud, remet en cause les représentations du social traditionnel et fait paraître une revue. (Les contributions de Jacques Rancière à cette revue ont été regroupées dans un ouvrage Les scènes du peuple édité chez Horlieu en 2003). Il a toujours été très marqué par le catholicisme[réf. souhaitée]. Parallèlement, il se penche sur l'émancipation ouvrière, les utopistes du XIXe siècle (notamment Étienne Cabet) et commence à voyager régulièrement aux États-Unis. De ce travail naîtra sa thèse d'État parue sous le titre : La nuit des prolétaires. Archives du rêve ouvrier. Un peu plus tard, dans Le philosophe plébéien, il rassemble des écrits inédits de Louis Gabriel Gauny, ouvrier parquetier et philosophe. Au milieu des années 1980, il s'intéresse à un autre personnage peu conventionnel : Joseph Jacotot qui au début du XIXe siècle remit radicalement en cause les fondements de la pédagogie traditionnelle. Cette étude donnera lieu à une biographie philosophique : Le maître ignorant. Il s'intéresse ensuite à l'ambigüité du statut du discours historique dans Les mots de l'histoire (qui dut, pour des raisons de dépôt légal, paraître sous le titre Les noms de l'histoire). À la fin de cette période, Rancière qui est également cinéphile, proche des Cahiers du cinéma, explore les liens entre esthétique et politique. Courts voyages au pays du peuple, sous la forme de trois nouvelles philosophiques est le premier ouvrage directement consacré à ce sujet. | |
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