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 doit-on faire toutes les hypothèses? Hypothèse, que veut dire ce mot?

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fellion




Nombre de messages : 40
Date d'inscription : 05/04/2020

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MessageSujet: doit-on faire toutes les hypothèses? Hypothèse, que veut dire ce mot?   doit-on faire toutes les hypothèses? Hypothèse, que veut dire ce mot? Empty28/4/2020, 15:04

28.04.2020

Dimanche dernier se déroulait un débat autour de la question; doit-on faire toutes les hypothèses?
Répondre à cette question ne peut se faire sans la réponse à une question qui la précède: pouvez-vous définir le mot hypothèse?
En effet émettre toutes les hypothèses ne peut se faire qu’en sachant ce qu’elles limitent (définissent). Je ne réponds pas à la question du débat, mais à celle qui la précède  et convoque certains penseurs à ce sujet.
Pour ceux que la lecture d’un texte trop long effraie, je vous propose de regarder et d’écouter le cours de philosophie méthodique proposé par François Julien à la BNF en 2014. Introduction (irritante pour certains), puis a la 6eme minute; définitions, 11eme, minute abstractions; et 13 eme minute, hypothèse…bien sur vous pouvez continuer.




La question posée dimanche fut ; « Doit-on faire toutes les hypothèses ? »


Comment commencer ?

« Doit-on », s’agit-il d’un devoir ou d’une possibilité, doit-on est toujours ambiguë. Il est utile de s’interroger sur la définition et les sens du mot hypothèses. La lexicographie et l’étymologie sont utiles à cette recherche, la philologie peut aussi aider.

Le dictionnaire Larousse propose :

hypothèse ; nom féminin
(grec hupothesis)

Définitions.
Proposition visant à fournir une explication vraisemblable d’un ensemble de faits, et qui doit être soumise au contrôle de l’expérience ou vérifiée dans ses conséquences.

Supposition, conjecture portant sur l’explication de faits passés ou présents ou sur la possibilité de survenue d’événements futurs : Une hypothèse peu fondée.

Dans la logique traditionnelle, proposition particulière, comprise comme implicite à la thèse, ou incluse à celle-ci ; dans la logique moderne, formule figurant en tête d’une déduction et qui, à la différence d’un axiome, n’a qu’un caractère transitoire.

Expressions.


  • Dans l’hypothèse où, au cas où.

    En être réduit aux hypothèses, n’avoir aucune certitude.

    En toute hypothèse, en tout cas, quoi qu’il arrive ?

    Hypothèse nulle, hypothèse portant sur la ou les populations d’où sont issus le ou les échantillons statistiques, ou sur les lois de probabilité considérées comme les représentant et que l’on soumet à un test statistique (par opposition à l’hypothèse alternative).

    Hypothèse du continu

    Hypothèse ergodique

    Test statistique ou test d’hypothèse

Synonymes et contraires.

Proposition visant à fournir une explication vraisemblable...
Synonymes : postulat — prémisse
Contraires : conclusion — expérience - réalité - vérification

Supposition, conjecture portant sur l’explication de faits…
Synonymes : conjecture — éventualité - idée - possibilité — préjugé — présomption - prévision - probabilité
Contraires : assurance — certitude - évidence

Étymologie
Étymologiquement, le mot hypothèse vient du grec ὑπόθεσις, (hypóthesis) :

Le préfixe hypo signifie « inférieur », « manque », par opposition au préfixe hyper. Par exemple, le terme hypoglycémie désigne une trop faible concentration de glucose dans le sang alors que le terme hyperglycémie désigne une trop forte concentration.

Le radical thèse désigne une « opinion », une « affirmation » ou « proposition » (du grec τίθημι, tithèmi, « poser » et θέσις, thesis, « action de poser »).
Le sens actuel du mot hypothèse est resté assez proche de son origine étymologique : il désigne « moins » qu’une « opinion » ou une « affirmation ».


Allons plus loin, au-delà de ce que nous offre le dictionnaire.

Que nous disent les philosophes à propos de l’hypothèse ?

Platon dans les lois 743c propose των νόμων ύπ όθεσις, le principe des lois. Ce que l’on prend comme données d’un problème, ou comme énonciations d’où l’on part pour démontrer un théorème.
Autre possibilité, proposition reçut, sans égard à la question de savoir si elle est vraie ou fausse, mais seulement à titre de principe tel qu’on pourrait déduire un ensemble donné de propositions. Nous pouvons lire dans le texte de Descartes ; « Principes de la philosophie III, 44 ».

« Afin que chacun soit libre d’en penser ce qu’il lui plaira, je désire que ce que j’écrirai soit pris pour une hypothèse, laquelle est peut-être éloignée de la vérité ; mais encore que cela fût je croirais avoir beaucoup fait si toutes les choses qui en sont déduites sont entièrement conformes aux expériences »
Puis en III, 45 ; « que même j’en supposerai ici quelques-unes que je crois fausses », puis en III, 47 « Que leur fausseté n’empêche point que c’en sera déduit, soit vrai. »

Toute cette épistémologie hypothético-déductive est rejetée vigoureusement par Newton dans la fameuse formule sur laquelle s’achèvent les Principia : hypotheses non fingo, je ne trouve pas d’hypothèses. Ainsi les Principia de Newton ne se voudront que le relevé de connexions entre des faits dûment constatés. Il faut savoir limiter son affirmation à ce que garantit l’expérience. C’est la procédure déductive qui fait office de garant gnoséologie. Descartes n’éprouve pas le besoin de vérifier la validité des suppositions dont il part ; « j’en supposerai ici quelques-unes que je crois fausses… bien que leur fausseté n’empêche point que ce qui en sera déduit ne soit vrai. »

Newton et ses émulent soutiennent qu’un non-savoir reconnu vaut mieux qu’un pseudo-savoir. Diderot reprendra cette définition de l’hypothèse ou de la conjecture, « jugement fondé sur des preuves qui n’ont qu’un certain degré de vraisemblance, c’est-à-dire sur les circonstances dont l’existence n’a pas une liaison assez étroite avec la chose qu’on en conclut, pour qu’on puisse aspirer positivement que les unes étant, l’autre sera ou ne sera pas. »
Extraits de Philosophia naturalis principia mathematica.

Conjecture douteuse, mais vraisemblable par laquelle l’imagination anticipe sur la connaissance, et qui est destiné à être ultérieurement vérifié, soit par une observation directe, soit par l’accord des toutes ses conséquences avec l’observation. Position issue des lectures des cours de philosophie positive, leçon 28, « théorie des hypothèses » d’Auguste Comte.

Claude Bernard dans la première partie de son introduction à « La médecine expérimentale » II §2 écrit ; « le sentiment engendre l’idée ou l’hypothèse expérimentale, c’est-à-dire l’interprétation anticipée des phénomènes de la nature. »

Platon pour en revenir à lui, dans le Menon XXII, 86, désigne par les mots νποτιθεσθαι, et, εξ νποθεσεως σχο π εισθαι la méthode des géomètres qui consiste, étant donnée une propriété d’une figure qui ne peut pas être directement démontré, à en chercher une autre d’où la première résulterait et à voir ensuite si cette νπ οτιθεσις est elle-même vraie, c’est-à-dire si elle résulte de la définition ou des propriétés de la figure considérée.

Chez Aristote, le σνλλογσμς εξ νπ οθεσεως (raisonnement présumé) est le raisonnement qui repose sur cette assomption : si A est vrai, B doit être admis en conséquence. Si donc A est prouvé, B est conclu εξ νπ οθεσεως.

Le point de vue d’Aristote peut-être utile.
Admettons que l’hypothèse soit ce qui précède. Ainsi elle devient, le point de départ, la source, l’origine. Ce qui commence, dans le langage philosophique se nomme αρχκή (archè), principium. Le principe est ce qui commande, commence, les deux sens sont intriqués en grec et en latin. C’est l’élément générateur, un point de départ de la connaissance. Les distinctions aristotéliciennes sont essentielles, αρχαι και αιτίαι, principes et causses αξίωμα principes et axiomes αξίωμα ou υποθέσεις hypothèses.
το πρωτον ειναι οθεν η εστιν η γιγνεται η γιγνωσχεται « Le point commun à tous les principes c’est d’être ce quelque chose de premier à partir d’où il y a être, devenir ou connaissance. »  Métaphysique Δ. 1. Le fondateur de ce genre de théorie est Thales, pour qui l’eau est l’unique αρχκή (arché) de toutes choses. Ce type de commencement est la cause matérielle de l’élément στοιχείον. Ces arché sont des principes, il n’y a pas de différences entre les principes et les causes, le Δ le précise « toutes les causes sont des principes Δ. 1 13-17.
Principia cognoscendi « les principes de la connaissance sont l’un des trois éléments constitutifs de toutes sciences démonstratives περι ο τε δειχνσι. Principe et causes sont liés dans la connaissance scientifique, puis que connaître quelque chose c’est en connaître la cause :

« Nous estimons posséder la science d’une chose d’une manière absolue, et non pas, à la façon des sophistes, d’une manière purement accidentelle, quand nous croyons que nous connaissons la cause par laquelle la chose est, que nous savons que cette cause est celle de la chose, et qu’en outre il n’est pas possible que la chose soit autre qu’elle n’est. Il est évident que telle est la nature de la connaissance scientifique ; ce qui le montre, c’est l’attitude aussi bien de ceux qui ne savent pas que de ceux qui savent : les premiers croient se comporter comme nous venons de l’indiquer, et ceux qui savent se comportent aussi en réalité de cette même façon. Il en résulte que l’objet de la science au sens propre est quelque chose qui ne peut pas être autre qu’il n’est. »

Aristote Seconds Analytiques 2 (71 b - 72 b), La Science et la Démonstration.
Les seconds analytiques opèrent une distinction entre différentes sortes de principe. La protase est une θεσις, thèse, τιθημι, poser, quand il n’est pas nécessaire de l’avoir pour apprendre quelque chose. Dans le cas contraire, c’est αξιωμα, un axiome (évaluer, croire juste ou vrai). La thèse a donc une validité restreinte, et l’axiome une validité générale. Quand une thèse statue sur l’existence de son objet, c’est υπόθεσις, une hypothèse, νπο τιθημι poser par dessous, supposer et si elle est contraire à ce qu’on pense ou si on n’en pense rien alors c’est un αιτημα, postulat, une demande ; quand elle ne le fait pas, c’est une simple ορισμος, définition, de οριζω limiter, donc définir.

« Des principes; il n’y aura pas de science » (second analytique II 19, 10-11 ; les principes sont des vérités premières indémontrables : « tandis que le reste se démontre par les principes, les principes ne peuvent se démonter par autres choses » Topiques, VIII, 3, 2-4.

Revenons aux penseurs modernes.

On peut ajouter qu’hypothèse peut être entendu comme fiction. Prenons Micromégas proposant des exemples hypothétiques, Poincaré développant les espaces hypothétiques dans ses articles sur la géométrie non euclidienne, ou les romans de Wells, l’hypothèse dans ces cas est toujours fictive, le problème est simplifié ou complexifié pour le résoudre. Ces fictions sont présentées en tant que principe de raisonnement et de positions logiques.
Une hypothèse heuristique est nommée telle lorsqu’elle précède la découverte, elle est donc active en tant qu’origine probable. L’hypothèse qui suit la découverte en est le terme. Alors peut-on dire que l’hypothèse serait l’une ou l’autre, l’hypothèse est-elle l’anticipation de l’esprit sur l’expérience, ou la somme des expériences conduit-elle à l’hypothèse ?
Le résumé synthétique de l’expérience est théorie, jamais hypothèse, sauf quand le résumé sert à anticiper l’expérience. Faut-il réserver le nom de théorie aux constructions déductives qui servent seulement à organiser les lois admises sous forme analytique, sans rien ajouter de conjectural ?

Henri Poincaré propose;
« L’expérience est la source unique de la vérité : elle seule peut nous apprendre quelque chose de nouveau ; elle seule peut nous donner la certitude.
C’est qu’il ne suffit pas d’observer, il faut se servir de ses observations, et pour cela il faut généraliser…

Le savant doit ordonner ; on fait la science avec des faits comme une maison avec des pierres ; mais une accumulation de faits n’est pas plus une science qu’un tas de pierres n’est une maison…

Et avant tout le savant doit prévoir.
Observons d’abord que toute généralisation suppose dans une certaine mesure la croyance à l’unité et à la simplicité de la nature.

Rôle de l’hypothèse. — Toute généralisation est une hypothèse ; l’hypothèse a donc un rôle nécessaire que personne n’a jamais contesté. Seulement elle doit toujours être, le plus tôt possible et le plus souvent possible, soumise à la vérification. Il va sans dire que, si elle ne supporte pas cette épreuve, on doit l’abandonner sans arrière-pensée. C’est bien ce qu’on fait en général, mais quelquefois avec une certaine mauvaise humeur…

L’hypothèse ainsi renversée a-t-elle donc été stérile ? Loin de là, on peut dire qu’elle a rendu plus de services qu’une hypothèse vraie ; non seulement elle a été l’occasion de l’expérience décisive, mais on aurait fait cette expérience par hasard, sans avoir fait l’hypothèse qu’on n’en aurait rien tiré ; on n’y aurait rien vu d’extraordinaire ; on n’aurait catalogué qu’un fait de plus sans en déduire la moindre conséquence…

Le ferme propos de se soumettre à l’expérience ne suffit pas ; il y a encore des hypothèses dangereuses ; ce sont d’abord, ce sont surtout celles qui sont tacites et inconscientes. Puisque nous les faisons sans le savoir, nous sommes impuissants à les abandonner. C’est donc là encore un service que peut nous rendre la physique mathématique. Par la précision qui lui est propre, elle nous oblige à formuler toutes les hypothèses que nous ferions sans elle, mais sans nous en douter…

Remarquons, d’autre part, qu’il importe de ne pas multiplier les hypothèses outre mesure et de ne les faire que l’une après l’autre. Si nous construisons une théorie fondée sur des hypothèses multiples, et, si l’expérience la condamne, quelle est parmi nos prémisses celle qu’il est nécessaire de changer ? Il sera impossible de le savoir. Et inversement, si l’expérience réussit, croira-t-on avoir vérifié toutes ces hypothèses à la fois ? Croira-t-on avec une seule équation avoir déterminé plusieurs inconnues ? »

Extraits de l’ouvrage de Henri Poincaré paru chez Flammarion en 1917 ; « La science et l’hypothèse ». Quatrième partie, La Nature, chapitre 9 les hypothèses en physiques.

voici la page 2021 du dictionnaire grec français le Bailly.

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