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 Est-il bon de vouloir se passer du mal ?

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2 participants
AuteurMessage
Bernard




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Age : 69
Date d'inscription : 08/06/2007

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MessageSujet: Re: Est-il bon de vouloir se passer du mal ?   Est-il bon de vouloir se passer du mal ? Empty16/4/2008, 21:57

Bonjour Bruno,
Merci de ta réponse qui va ainsi me permettre d'éclaircir certains points de mon message (qui se voulait d'abord humoristique en essayant de jouer sur les mots ... mais l'humour et le jeu de mots visent souvent plus juste que la démonstration).
Je suis d'accord qu'il ne faut pas rejeter la volonté mais ce que je dénonce c'est la volonté d'absolu qui pour moi est contenu dans l'expression "vouloir le bien" que j'utilisais pour dénoncer les idéologies qui toutes veulent établir le bien absolu. Car pour moi cette volonté d'absolu conduit à vouloir éradiquer toute trace de mal et donc ceux qui en sont soi-disant à l'origine.
Ce que décrit Arendt me semble t-il, lorsqu'elle parle de la banalité du mal, c'est le fait que les nazis qui ont fait le mal étaient des individus comme les autres qui n'ont fait que leur travail, qu'ils n'étaient pas des monstres et que la mécanique qui mène au mal est bien complexe. Non seulement elle est complexe dans le domaine politique (Comment Eichmann est devenu un criminel absolu?) mais aussi dans le domaine du crime de droit commun (Comment Fourniret est devenu le tueur en série qu'il est?) car le mal est aussi en chacun de nous.
Le mal était discernable dans le "Mon combat" d'Hitler dis-tu. L'antisémitisme était discernable certes mais que je sache "la solution finale" ne l'était pas. Et de plus ce programme ne se définissait pas comme une application du "mal" mais au contraire comme celle du "bien" du peuple allemand (ou plutot de la race aryenne ... le peuple allemand ne servant que de masque). Le mal que l'on peut décrypter à postériori dans ce programme ne se présentait pas comme le mal mais comme le bien.
L'antisémitisme ne passait pas pour le mal à l'époque mais comme une lutte contre le mal (que les juifs étaient censés représenter) .. et c'est ce qu'il est encore de nos jours pour de nombreuses personnes dans le monde!
La thèse que je propose est justement qu'a essayer d'éradiquer le mal partout ou il pourrait se trouver où partout où l'on croit le discerner, on prend le risque de faire un mal beaucoup plus grand que celui que l'on veut éradiquer. Cette volonté de se passer du mal, qui est l'autre face de ce que j'appelle "vouloir le bien absolu" conduit paradoxalement au mal. C'est, me semble t-il, ce que nous montrent les idéologies du 20ème siècle et particulièrement le communisme qui pour nous emmener vers le "bien" de la société sans classe n'hésitait pas avec des concepts décapants comme la "dictature du prolétariat", les "ennemis de classe", la "rééducation des intellectuels bourgeois à la campagne" et j'en passe ... à éliminer ceux qui avaient une autre conception du bien, ou simplement se trouvaient dans une position sociale "d'ennemis objectif du prolétariat" et qui étaient donc le mal à éliminer.
Face à ce constat je propose d'abandonner ces croyances idéologiques dans le bien absolu et de s'engager résolument à lutter contre le mal ou plutot à résister à l'extension du mal . Car le mal est là, même en nous-mêmes. Il nous faut le discerner, il faut par exemple avoir le courage de dénoncer les risques de dérive de tel ou tel projet de loi etc ... car le mal n'est jamais écrit noir sur blanc, il avance masqué même quelquefois à l'insu de celui qui a écrit, et il est souvent potentiellement présent dans toute mesure comme un effet secondaire.
Comme tu le dis d'ailleurs "Le problème est ici l'inertie face au mal, le manque de volonté." Et c'est pourquoi je propose, comme une attitude politique, de résister au mal plutot que de "vouloir le bien". Résister par la lucidité et par l'engagement.
Et je fais également une différence entre "vouloir le bien" auquel je donne le sens (politique) de "vouloir le bien absolu" des idéologies et "vouloir faire le bien" qui est une attitude personnelle de mise en accord ses actes avec sa conception de la morale. Attitude dont tout le monde se réclame ... et sur laquelle on pourrait éventuellement engagé un débat plus psycho. sur le sadisme etc ...
Le moindre mal te parait être de la tièdeur ... Ne serait-ce pas plutot de la modération (opposée aux excès de l'absolu) ou encore la "voie du milieu" (opposée aux extrêmismes et autres intégrismes) ...
Bernard
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bruno




Nombre de messages : 80
Date d'inscription : 20/06/2007

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MessageSujet: Vouloir se passer du mal   Est-il bon de vouloir se passer du mal ? Empty16/4/2008, 14:55

Bonjour Bernard
La question de la problématique, qui n'a pas été tout à fait traitée sauf par pascal dimanche, concerne la volonté de se passer du mal. Le concept clé et central est ici la volonté. La volonté suffit-elle, par exemple, pour lutter contre le mal ? Quelle est le staut de la volonté face au mal ? Une différentiation conceptuelle aurait dû être effectuée entre "vouloir vivre" et "volonté".
Le mal avance masqué, mais il n'est pas indiscernable. Ainsi, contrairement à Arendt, je pense que le nazisme ne s'est jamais caché dans ses intensions. Dès le début Hittler dans son livre "Mon combat" a décrit son programme. Personne n'a voulu voir et surtout les intellectuels de l'époque. Le problème est ici l'inertie face au mal, le manque de volonté.
Il ne faut pas confondre le mal qui avance masqué sous les apparences du bien et la volonté de faire le "bien". Si l'on détruit toute bonne volonté, sous prétexte, qu'elle peut conduire au mal, alors il ne reste que l'inertie, car rien ne fait pencher la balance.
Je ne suis pas partisan du "moindre mal". C'est de la tiédeur et celle-ci est pour moi le pire des maux. Je préfère sur le plan individuel quelqu'un qui se trompe, mais fait avancer le monde, que quelqu'un qui ne bouge rien. "Le moindre mal" n'est-ce pas la démarche des derniers hommes, de ceux qui n'ont plus d'"idéals", plus d'énergie ?
Bruno
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Bernard




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Age : 69
Date d'inscription : 08/06/2007

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MessageSujet: Est-il bon de vouloir se passer du mal ?   Est-il bon de vouloir se passer du mal ? Empty15/4/2008, 14:14

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Soyons plus précis et reformulons la question de la façon suivante:
Peut-on faire le mal en voulant le bien ?
La sagesse populaire nous dit: Faire le mal c’est mal, et faire le bien c’est bien … voilà qui parait clair, chacun peut choisir sans se tromper et sans être trompé ! Mais lorsque la volonté s’en mêle, l’équation se complique: "vouloir le mal" (seulement le vouloir !) c’est déjà mal, alors que "vouloir le bien" ça n’est pas encore bien … il n’y a que le "faire le bien" qui soit bien ! Mais alors "faire le mal en voulant le bien" voilà qui, non seulement met à mal notre entendement en opposant les moyens à la fin, mais de plus vient ébranler notre morale en acceptant de faire le mal ! Entendons-nous bien, il s’agit ici seulement (si je puis dire) de faire le mal et non pas de le vouloir car ce que l’on veut ici, tout en faisant le mal, c’est le bien, et d'ailleurs on ne peut pas vouloir le mal et le bien en même temps ! Comment se fait-il donc que l’on puisse être amené à faire le mal sans le vouloir et de plus en voulant son contraire, le bien ? Faut-il en conclure que c’est dans la nature même de ce « vouloir le bien » que se trouve le mal lui-même ?
En effet l'histoire semble nous le montrer. Le mal c’est banal ! Hannah Arendt le disait déjà en analysant comment la mécanique nazie, cette mécanique du mal, s’était emballée. Le mal arrive sans que personne ne le veuille, il s’introduit par effraction en quelque sorte, insensiblement. Le mal, lorsqu’il vient, ne s’annonce pas, il avance masqué, assez malin pour se cacher sous le masque du bien. Il se cache précisément, dans le « vouloir le bien » qui, quand à lui, se proclame, s’annonce … Lorsque l’on veut le bien on aime à le faire savoir, tant est si bien que, dans le "vouloir le bien", le "vouloir" prend le pas sur le "bien". Et précisément le "vouloir" lorsqu’il agit ne fait pas de quartier … partout ou passent, celui ou ceux qui "veulent", il ne reste généralement plus grand chose du bien qu’ils sont censés vouloir. La volonté ne fait généralement pas bon ménage avec la morale ! L’indifférence, la démission et la lâcheté des autres s’y ajoutant il n’est pas rare de voir ainsi au final le bien que l’on a tant voulu se laisser submergé par le mal … ce mal si banal dont le XXème siècle nous a tant donné d’exemples ; des exemples de révolution au nom du bien qui se sont terminées dans le mal absolu.
Si donc le "vouloir le bien" cache le mal, faut-il en conclure qu’il ne faut plus vouloir ?
Est-ce la volonté seule qui est en cause dans cette advenue du mal ? N’est-ce pas aussi et surtout cette envie d’absolu et de pureté que traduit l’expression "vouloir le bien" ?
Le bien en effet doit être pur pour être bien, il est un absolu. La moindre trace de mal dans le bien et ce dernier s’en trouve disqualifié. Une bonne action entachée d’une mauvaise n’est plus une bonne action ! Ainsi en voulant éradiquer la moindre trace de mal le bien en vient à éradiquer tous ceux qui selon lui produisent ces traces de mal ... éradiquer au nom du bien qui doit être absolu ! Ainsi la volonté d’absolu est en définitive la voie la plus directe vers le mal.
Dès lors si vouloir le bien peut conduire au mal, ne faut t-il pas se contenter de "vouloir le moindre mal" pour simplement espérer le mieux, car le mal lorsqu'il se produit devient vite le mal absolu. Ne rejetons donc pas la volonté, mais utilisons là pour résister à la dérive du mal vers le mal absolu, plutôt que pour faire advenir le bien absolu. Car le mal est déjà là, banal comme nous le disions … résistons-lui !
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