Voir, regarder, observer?

Mais avant tout cela, ces trois actions, ne sont-elles pas précédées par l' acte "d' apercevoir" ?
Apercevoir : une perception soudaine, fugace, susceptible de titiller l' intuition et par suite d' attirer l' attention puis le regard ?
L' attention, une concentration sans but défini, sans a priori, sans parti pris, n' excluant pas d' être dérangée par une autre perception soudaine.
Et donc, puisqu' il n' y a ni a priori ni exclusion, il n' y a pas de choix.

En effet, pour qu' il y ait choix, il faut forcément qu' il y ait une hiérarchie de valeurs établie préalablement, hiérarchie de valeurs qui conduit à retenir quelques évènements aux détriment des autres (une exclusion).
Or, il se pourrait bien que ce qui est exclu soit justement ce qui est pertinent et significatif c' est à dire ce qui permet de discerner les subtilités et les nuances d' une situation difficile ou complexe.

Ainsi, la condition première de l' objectivité est la possibilité et la capacité de procéder à une observation sans choix, autrement dit, non seulement sans a priori sur ce que l' on va découvrir, mais également sans avoir en tête, consciemment ou inconsciemment, la moindre classification conduisant à un jugement de valeur point de départ, par réaction, d' une action partisane.

Bref, puisqu' il n' y a pas d' exclusion, pas de "moi d' abord ni de sur-moi" personnels, communautaires, nationaux, confessionnels etc l' esprit et la sensibilité sont libres, l' observation est libre.
Ainsi, aucune entrave n' empêche l' inconnu de pénétrer l' esprit, notamment, cet inconnu particulier qu' est la vérité, la vérité concernant le présent actif, le ici et maintenant.
Etre libre, n' est-ce pas être capable d' une observation sans choix, contrairement à ce qui est admis couramment et qui énonce qu' être libre c' est disposer de la possibilité de choisir ("possibilté" appelée pernicieusement "liberté") ce qui conduit à n' en faire qu' à sa tête, qu' à ses préjugés, qu' à ses conditionnements personnels, familiaux, communautaires, nationaux etc ...
La liberté n' est donc pas un attribut du moi, mais l' attribut de l' observation sans choix, un espace où aucune frontière ne déforme l' esprit.

Le débat d'hier - 2/03/08 - m'a suggéré de faire la différence entre voir, regarder et observer. En effet, voir, c'est percevoir par les yeux, il me semble sans en avoir eu forcément l'intention. Regarder, c'est déjà différent. Il y a une décision, on a vu, et on laisse son regard, le verbe le dit bien,se poser un temps plus ou moins long sur la chose , la personne etc---, on la considère.
Quand à observer,c'est examiner avec attention et intention, pour étudier, pour connaître ou pour toute autre raison. Ce n'est donc pas la même action.Voir peut se faire par hasard, alors que regarder et observer ne peut se faire que si on le veut bien et même plutôt si on en a la volonté ou l'envie.
Je n'avais pas pensé cela avant hier, c'est le débat d'hier qui m'a donné à y réfléchir.