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| Etre responsable suffit-il pour faire autorité ? | |
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moniquemaury
Nombre de messages : 20 Date d'inscription : 12/07/2007
| Sujet: Liberté, responsabilité, autorité 29/3/2008, 12:01 | |
| Salut aux "philosophes" qui broutent dans ce pré carré, Bien au contraire, je ne vois qu' opposition et incompatibilité entre d' une part "autorité" et d' autre part "responsabilité et liberté". L' autorité, en ce qui concerne la façon de se conduire, suppose la référence à une définition du "bien", le mal n' étant défini que par opposition à ce bien; est mal "ce qui n' est pas bien". Ainsi en est-il des idéologies, des théories "révolutionnaires", des objectifs politiques, économiques - bref, une "pensée unique" en ce sens qu' elle est celle qui est en usage ou qui est édictée par l' autorité là où l' on se trouve. Ainsi en est-il aussi des "identités culturelles", des traditions, de l' espérance et de la foi. Ainsi en est-il encore du "moi" avec ses idiosyncrasies, sa volonté d' être qui se traduit factuellement en volonté de "devenir" (ou de ne plus vouloir devenir - une volonté qui peut conduire au suicide). Ne pas respecter les injonctions de l' autorité, c' est vivre sous la menace du bannissement. Avoir l' autorité, c' est avoir la maîtrise idéologique sur l' identité d' un territoire (le "moi" n' est-il pas un territoire ?) et par conséquent sur l' identité des humains qui vivent sur ce territoire.
En est-il de même pour la responsabilité ? A mon avis ... non. La responsabilité suppose la liberté. Non pas la liberté de faire "ce que l' on veut" (ça, c' est la "liberté du moi") mais l' absence de pressions, l' absence d' autorités "morales", l' absence d' une définition du bien qui entravent notre capacité naturelle d' observer "ce qui est". Bref, c' est vivre en dehors d' un "prendre prise" égocentrique, ce qui suppose de se rendre compte que la notion d' isolement n' a pas de réalité objective, qu' elle est totalement arbitraire parce que décrétée par autorité, par idéologie - et une idéologie est forcément égocentrique (égocentrisme personnel ou communautaire ... etc). Ainsi être libre, c' est être capable de s' éduquer soi même, autrement dit, d' être capable de percevoir "le mauvais, le mal" sans formuler d' a priori ni de définition du bien. Et là l' autorité demande : < mais alors, comment le bien peut-il se produire ? > C' est toute la différence entre "savoir" et "connaître" (au sens de percevoir). Pascal | |
| | | bruno
Nombre de messages : 80 Date d'inscription : 20/06/2007
| Sujet: Responsabilté et autorité 12/11/2007, 20:49 | |
| Salut Bernard Je ne vois pas d’opposition entre liberté, autorité et responsabilité et la logique rationnelle peut nous aider à comprendre. Dans le Contrat social, par exemple, les membres de la société choisissent librement de s’en remettre à l’autorité compétente. Il n’y a, certes, pas d’égalité dans les compétences, mais il y a égalité en droit. Il ne faut pas confondre les deux niveaux. Ceux qui exercent cette autorité ont choisi librement cet engagement, même si ils sont responsables de la confiance qui leur a été accordée. Ils ont accepté librement de servir l’intérêt général. C’est une libre responsabilité et ils doivent en rendre compte. Le problème reste posé dans le cadre d’une autorité fondée sur l’origine ou sur une loi transcendante. Pour l’autorité fondée sur l’origine, prenons l’exemple du fondateur d’une institution. Ils se peut que le fondateur soit dépassé par les compétences de ceux qui l’ont suivi. Dans ce cas le fondateur se retire et laisse l’exercice effectif de l’autorité aux plus compétents. Il lui est alors attribué une autorité symbolique en tant que fondateur, par respect à l’égard de la mémoire de l’institution. L’autorité effective reste la compétence et celle-ci peut être librement acceptée de manière formelle ou tacite par les membres de l’institution. La question reste celle-ci : l’autorité fondée sur les racines ou la mémoire fait-elle autorité ? Reste le problème de la loi morale et transcendante. Elle repose sur l’idée qu’un individu ou un groupe d’individus est capable de l’incarner. Nous avons vu dans l’histoire les problèmes d’autoritarisme que cette idée soulève. Mais « Dieu » ne souhaite-il pas que l’on accepte librement son autorité ? En ce qui concerne l’autorité fondée sur la « sagesse », le seule autorité du philosophe, c’est d’aider les autres à être autonomes et responsables. Il ne s’impose pas. C’est sa discipline et son exemplarité qui fonde son autorité et il invite les autres à être leur propre autorité. La liberté d’accepter ou non l’autorité ne se situe pas au niveau de la simple conscience réflexive, car celle-ci vient trop tard. Prenons un exemple : les gens ont voté pour un dictateur. Cette dictature était prévisible, mais ils ont préféré fermer les yeux pour garder leur sécurité. Lorsqu’ils ouvrent les yeux, c’est déjà trop tard. Ils ont exercé leur liberté dans l’acte même de voter et non dans la conscience après coup. La liberté est un acte et à un certain moment qui ne dit rien consent. La philosophie individualiste (non égoïste) de notre culture moderne fonde la liberté de manière innée ou ontologique. A la naissance nous recevons en héritage cette liberté du « sujet ». Nous naissons tous potentiellement citoyens, libres et responsables, sauf problèmes pathologiques abolissant le discernement. Qu’il nous faille actualiser cette liberté potentielle pour l’activer(essentialisme) ou la créer en s’inscrivant dans le « projet existentialiste », selon Sartre, c’est toujours un acte. Certains font le chois de ne pas l’actualiser ou la créer, en se plaçant sous tutelle. Est-ce une servitude volontaire ? Notre conception du « sujet » est-elle illusoire ? Si oui, il nous faut alors remettre en question les Lumières, les droits de l’homme et la démocratie. Les sujets du roi ne sont pas responsables de l’autorité, ils la subissent. Jusqu’à présent, si notre discernement n’est pas aboli, nous sommes librement responsables et choisissons librement les autorités qui nous gouvernent. A bientôt ! Bruno | |
| | | Bernard
Nombre de messages : 301 Age : 70 Date d'inscription : 08/06/2007
| Sujet: Etre responsable suffit-il pour faire autorité ? 12/11/2007, 14:15 | |
| A cette question posée on peut répondre aisément en effet que la responsabilité ne suffit pas pour faire autorité, car comme il a été dit ce n’est pas parce-que je suis responsable d’un accident que je fais autorité !. Par contre la question de savoir si la responsabilité est nécessaire pour faire autorité est quand à elle tout a fait pertinente. Faire autorité voulant dire être reconnu par les autres pour sa compétence ou sa capacité (au moins dans un domaine donné), cette reconnaissance sera nécessairement brisée si la personne qui fait autorité ne répond pas de ses actes auprès des personnes qui lui reconnaisse cette compétence. En d’autres termes : si je ne réponds plus de mes actes (dans mon domaine de compétence) je ne serais plus reconnu, je ne ferais donc plus autorité.
La question initiale posant le problème de la dialectique entre autorité et responsabilité me semble néanmoins pouvoir conduire à une réflexion intéressante sur notre société. En effet, le lien entre responsabilité et autorité que nous avons mis en lumière dans le débat (voir ci-dessus), peut être analysé comme une tentative de dépassement de la contradiction entre ces deux notions. Contradiction dialectique (c'est-à-dire qui prend sens dans son dépassement) qu’il est intéressant d’analyser comme l’inverse terme à terme de la contradiction entre égalité et liberté. L’inverse terme à terme en effet car l’autorité brise l’égalité en reconnaissant une dissymétrie entre celui qui fait autorité et ceux qui reconnaissent cette autorité. Reconnaître que quelqu’un à de l’autorité sur moi, que ce soit par la compétence que je lui reconnais ou par son statut social, c’est reconnaître qu’il n’est pas mon égal. Par ailleurs ma responsabilité quand à elle bride ma liberté. Si je dois répondre de mes actes devant les autres c’est donc que je ne peux pas faire ce que je veux. Ma liberté s’arrête ou commence celle des autres dit-on, c'est-à-dire que ma liberté s’arrête là ou je dois répondre de mes actes devant les autres, là ou je commence à être responsable. (il serait intéressant d’ailleurs de comparer cette analyse à celle de Sartre qui quand à lui postule que je suis libre donc responsable) Comment sort-on de ces deux contradictions dialectiques : entre égalité et liberté d’une part et entre autorité et responsabilité d’autre part ? Il me semble que pour cela il faut changer de plan, changer de critères d’analyse et sortir de la simple analyse logique pour faire intervenir la morale. Entre égalité et liberté tout d’abord. Puis-je me sentir vraiment libre dans un monde ou règne l’inégalité, où certains ne peuvent survivre alors que d’autres étalent leur richesse ? Ma liberté butte ici sur mon regard sur les autres, sur mon humanité. Par ailleurs, puis-je me considérer comme l’égal des autres dans un monde ou je ne serais pas libre ? Ou ma volonté serait contrainte par d’autres, d’autres qui ne seraient dès lors plus mes égaux.. Le dépassement de la contradiction entre l’égalité et la liberté se trouve donc dans cette prise en considération de l’humanité (dans les deux sens du terme : l’humanité comme ensemble des hommes mais aussi l’humanité qui est en moi) que l’on retrouve dans le troisième terme de notre devise républicaine : la fraternité. Entre autorité et responsabilité : L’autorité, qui est pouvoir sur les autres, même si ce pouvoir est reconnu et accepté par les autres, et la responsabilité qui est reconnaissance de l’impact des mes actes sur les autres peuvent ainsi être vues comme deux notions qui s’opposent. Ainsi celui dont on reconnaît l’autorité peut se dire : puisque les autres reconnaissent mon autorité pourquoi répondrais-je de mes actes devant eux ? je n’ai qu’a exercer l’autorité donc le pouvoir qu’ils me reconnaissent. De même celui qui se dit responsable peut se dire qu’il n’a dès lors plus besoin de reconnaître une quelconque autorité qui viendrait lui dicter sa conduite par rapport aux autres, puisqu’il est prêt à répondre de cette conduite. On peut d’ailleurs noter que ces deux notions (autorité et responsabilité) sont souvent invoquées dans ce sens par les pouvoirs en place. Lorsque l’on entend dire qu’il faut respecter l’autorité cela cache souvent un appel à respecter les hiérarchies sociales : « C’est notre chef nous devons respecter son autorité ! » De même l’appel à la responsabilité cache souvent un appel au devoir d’obéissance, au respect de l’ordre social existant : « Ne vous révoltez pas soyez responsable ! » Ici encore il me semble que pour sortir de cette opposition la prise en compte du critère moral (par celui qui détient l’autorité) est nécessaire. La vraie autorité ne saurait ainsi prendre sens (moral) sans l’exercice de la responsabilité par celui dont l’autorité est reconnue. Celui qui a l’autorité doit ainsi se dire qu’il a le devoir de respecter la confiance que lui accorde les autres. Sans cela son autorité ne serait plus reconnue (comme nous l’avons vu au début). En d’autres termes il faut que ceux qui détiennent l’autorité soit ceux qui fassent autorité. Mais dans quel ordre cela doit-il, peut il se passer ? La reconnaissance de l’autorité (faire autorité) doit-elle ou peut elle précéder la légitimation de cette autorité par les institutions ? Ou alors est-ce l’inverse : les institutions doivent-elles légitimer l’autorité d’abord : par des diplômes ou autres moyens de reconnaissance de compétences ? On peut sans doute dire que, si la médiation des institutions est nécessaire elle ne peut être suffisante. Ainsi l’autorité du professeur doit être instituée, c’est à dire que sa fonction doit être reconnue, mais néanmoins s’il ne fait pas autorité dans sa classe (= s’il est incompétent) son pouvoir sera remis en cause et il ne remplira plus sa fonction. Il me semble qu’analyser les problèmes de notre société au travers de cette double opposition entre égalité et liberté d’une part et autorité et responsabilité d’autre part peut éclairer les débats en cours au sein de notre société. Là où certains analysent les problèmes actuels de la société comme une crise de l’égalité et de liberté d’autres y voient une crise de l’autorité et de la responsabilité. Les premiers mettent en lumière qu’à la dynamique de dépassement de la liberté et de l’égalité par la fraternité (ou solidarité) se substitue une dynamique inverse : inégalités – contrôle social – égoïsme / individualisme. L’accroissement des inégalités (due principalement à la mondialisation) entraine le besoin de contrôle social (sur les plus pauvres, sur les étrangers etc), ces deux tendances venant se figer dans le corps social au travers d’un individualisme et d’un égoïsme qui devient lui-même une condition de la survie Les seconds mettent en lumière les crises de l’autorité et de la responsabilité. Ainsi ils déplorent que l’on ne reconnaisse plus l’autorité sous prétexte d’égalité, ou plutôt d’égalitarisme. Il en est ainsi disent t-ils de l’autorité des professeurs, des parents, des représentants des institutions politiques en général (même élue démocratiquement) qui sont de plus en plus remise en cause. Par ailleurs il y a aussi une crise de la responsabilité dans la mesure ou, selon eux, les individus, se détachant de plus en plus de leur communautés ou autres groupes d’appartenance, négligent de plus en plus l’impact de leurs actes sur la société. Ceci est vrai lorsqu’ils agissent comme consommateurs mais aussi quelquefois lorsqu’ils agissent comme citoyen. …. Entre ces deux analyses, qui ne recoupent pas la traditionnelle (et confortable !) coupure gauche-droite, faut-il se résoudre à en choisir une et donc à déclarer que l’autre est fausse ! Je pense quand à moi que les deux analyses sont valides et qu’il faut donc essayer de les dépasser … interminable dialectique … | |
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