Ce que j'ai retenu du débat de ce matin c'est cette opposition entre ces deux attitudes philosophiques que l'on retrouve dans presque chaque débat maintenant depuis quelques semaines:
D'un coté ceux qui pensent qu'il nous faut accomplir notre nature, qu'il suffit d'être ce que l'on est (voire même de devenir ce que l'on est comme dirait l'autre !). Ceux-ci pensent alors que la volonté est négative car c'est une force qui nous fait agir vers un but extérieur à nous même ? elle nous enferme dans une nécessité à atteindre ? mettant ainsi notre être en tension permanente, et dès lors elle nous empêche d'être. Il nous faut alors refuser cette volonté de faire .... pour nous contenter d'être ... en harmonie avec nous-mêmes, sans tension, sans but, sans nécessité ... laissant notre nature guider notre action ... Ceux-ci s'inspirent me semble t-il de la philosophie grecque mais aussi des philosophies orientales.
Et puis il y a ceux qui, dans la tradition de l'humanisme, mettent en avant le sujet et sa liberté qui consiste à vouloir dépasser sa nature, à s'en détacher. Pour ceux-là la volonté est au contraire l'affirmation du moi, du je ? (dire "je veux" serait presque en définitive un pléonasme !). Face à nos passions, à nos instincts, à nos désirs où à nos envies qui agissent en nous à notre insu, la volonté s'empare de la raison pour nous pousser à l'action. Car c'est dans l'action que l'on mesure la volonté ... comme la liberté !
C'est en nous poussant à agir, à faire un écart par rapport à nos déterminations, à notre nature ... que la volonté nous fait libre.
Il faut de la volonté pour se détacher de soi-même reconnaissent les uns et les autres ... mais les premiers disent que ce détachement nous conduit aux pires désagréments, que cette soi-disant liberté n'est qu'illusion ... alors que les seconds nous disent au contraire qu'il faut vouloir être libre, que notre accomplissement, que notre devoir passe par cette liberté de ne plus être ce que nous sommes, de devenir ce que nous ne sommes pas, de nous perfectionner, de nous élever ...
Question : comment dépasser ces deux positions qui semblent à ce niveau inconciliables ?