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 L’individualisme est-il nécessairement un égoïsme ?

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AuteurMessage
Pascal
Invité




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MessageSujet: L' individualisme est-il nécessairement un égoïsme ?   L’individualisme est-il nécessairement un égoïsme ? Empty20/11/2010, 01:35

Oui, individualisme et égoïsme (et aussi vanité) sont des mots synonymes.
Parce qu' un homme individualiste n' est pas un individu.
L' individualiste "s' affirme" en tant qu' individu;
alors que "être un individu" est une qualité qui ne se décrète pas; de même que "être libre, être heureux, être malheureux, être bon, être intelligent etc" ...
Un homme "individu" ne s' affirme pas "individu"; il est. De même, un homme libre ne s' affirme pas libre etc ...
"Etre" n' a pas besoin de l' énonciation préalable de mots ou de concepts ou d' action particulière pour être et pour agir : "se définir" (aux yeux des autres ou à ses propres yeux) n' est pas "agir"; "se définir" contrarie le "bien agir".

Que signifie alors "être un individu" ?
D' après le dictionnaire (Larousse), ce mot vient du latin "individuum" : ce qui est indivisible.
Et ce qui est indivisible ne provoque ni ne fabrique de divisions.
Etre "individu", se traduit par le constat d' un fait : le fait (et non l' idée) que chaque homme est l' humanité.

Or l' individualisme divise :
en s' affirmant il fabrique une frontière c' est à dire une séparation qui n' a d' existence et d' effectivité que par des mots (toute frontière fonctionne de cette façon);
l' individualisme divise par des mots ce qui n' est pas divisible en fait : l' humanité.
C' est une affirmation autoritaire et agressive - malheureusement fort prisée dans la société humaine - qui favorise, voire promeut, l' enfermement égocentrique (personnel, clanique, communautaire, national ...), un enfermement déguisé au moyen de mots tels que identité culturelle, nation, personnalité, communauté etc ...
Ainsi apparaît la notion "d' appartenance" qui implique ralliement et obéïssance et les nombreux problèmes, conflits, souffrances etc qui s' en suivent.

L' individualiste fabrique une autorité pour lui-même : il est, en même temps, le chef et le subordonné : il confond "s' appartenir à soi-même" avec "être indivisible" : une source de souffrances déguisées en plaisirs.
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Bernard




Nombre de messages : 301
Age : 69
Date d'inscription : 08/06/2007

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MessageSujet: L’individualisme est-il nécessairement un égoïsme ?   L’individualisme est-il nécessairement un égoïsme ? Empty15/11/2010, 23:43

Libres digressions suite au débat de dimanche dernier sur cette question.
Lors de ce débat, il s'est majoritairement dégagée l’idée que l’individualisme n’était pas un égoïsme, et qu’il s’en démarquait même nettement. L’individualisme y a été défini positivement comme le fait, pour les individus, de posséder une certaine capacité d’initiative individuelle, une autonomie qui peut aussi s'exercer en collaboration avec les autres, l'égoïsme était, quand à lui, défini négativement comme le fait pour un individu d’agir selon ses propres intérêts, au détriment des autres. Mais au-delà de ce constat portant sur les définitions, la question reste posée, comme il a été soulevé par plusieurs participants, de savoir si l’homme, lorsqu’il agit individuellement et donc de façon autonome, n’est pas par nature égoïste. N’agit-il pas toujours selon ses propres intérêts qui correspondent à la satisfaction de ses propres désirs ? (comme tendrait à nous le dire la psychanalyse ! ) Dès lors, si l'individu ne peut pas satisfaire ses propres désirs sans nuire à la satisfaction de ceux des autres, alors l'égoïsme est inéluctable. Si au contraire l'individu ne peut pas satisfaire ses propres désirs lorsqu'il nuit a la satisfaction de ceux des autres, alors l'égoïsme est impossible. La réalité est sans doute entre ces deux extrêmes et on pourrait alors conclure qu'il faut rechercher la simple coexistence des intérêts basée sur un calcul de gain et de perte du type : "je me restreins dans la satisfaction de mes intérêts pour ne pas te nuire, car te nuire pourrait se retourner contre mes propres intérêts" ? On a ici une première règle de la vie en société: la liberté des uns s'arrête la ou commence celle des autres … c'est la première règle du libéralisme, qui fait de l'individualisme sa doctrine première et donc de l'individu le fondement de la société. La pensée libérale s'est en effet développée au 18ème et surtout au 19ème siècle en rupture avec les sociétés hiérarchiques traditionnelles qui faisaient de l'individu un rouage de la société, dont le rôle était défini pour lui par sa naissance, par sa communauté, par les autres. La reconnaissance de l'individu comme acteur de sa propre vie fut ainsi un progrès indéniable de la civilisation en l'affranchissant de ses groupes d’appartenance, des hiérarchies sociales, de ses assignements communautaires. Cette évolution que le christianisme a participé a initier, s’est surtout développée avec l’avènement des démocraties libérales et la reconnaissance des droits de chaque individu (au travers des déclarations des droits de l’homme) qui caractérisent encore l’organisation politique de nos sociétés actuelles.
Mais, en allant plus loin, on peut aussi penser que les intérêts de chaque individu, et ses désirs d'ailleurs, ne sont pas le résultat de sa seule nature, mais qu'au contraire ils apparaissent, pour chacun, dans le contexte de sa vie sociale (de sa famille, de son éducation, des ses rapports avec les autres, de ses échanges …). Dès lors mes intérêts se recoupent largement avec ceux des autres. Il existe donc des intérêts communs aux individus d'un même groupe, d'une même culture … Certes la singularité de chaque individu fera qu'il y aura toujours des cas ou mes intérêts et ceux des autres s'opposeront et ou il me faudra recourir à l'arbitrage ou au calcul. Mais plus la vie sociale et collective sera forte, plus la coopération et la solidarité seront développés dans une société, alors plus les intérêts des uns et des autres seront proches et dès lors chacun vivra en meilleure harmonie avec les autres car il aura moins d'opposition d'intérêts à résoudre, et donc moins de désirs à réprimer. Nous pouvons peut être appeler cette situation politique le "libéralisme social" ou "social libéralisme" ou bien encore "social-démocratie" ou bien même dans certains pays d'Europe de l'ouest "socialisme" (suivant en cela Jaurès qui plaçait l'individu au centre de l'idée "socialiste") ... toutes ces appellations reflétant une plus ou moins grande intervention de l'Etat et des pouvoirs publiques pour assurer une vie collective forte au travers les institutions car en effet dans ces régimes politiques les institutions de solidarité et de coopération entre les individus sont fortes (institutions étatiques ou relevant de la société civile (service de santé, transports, école, services publics, armée ...), assurant ainsi une redistribution des richesses et une plus grande égalité, mais l'individu et donc la liberté de l'individu y est toujours le but premier de la société. On voit donc là que la liberté ne peut pas exister vraiment sans l'égalité.
Oui mais comment faire pour que la solidarité et la coopération soient fortes dans une société ?
Il faut peut être penser, a rebours cette fois d'une interprétation stricte de l'individualisme mettant l'individu comme seul fondement de la société, qu'il existe, a chaque niveau de l'organisation sociale, dans chacun des cercles qui partent de moi pour aller jusqu'à l'humanité toute entière, un intérêt collectif qui doit s'imposer à moi, auquel je dois soumettre mes intérêts propres. Tout en reconnaissant à l'individu une place privilégiée et surtout en reconnaissant que la satisfaction des désirs de l'individu est le but de la société et non l'inverse, on peut donc néanmoins légitimer certaines restrictions de liberté, c'est-à-dire certaines restriction de possibilité de satisfaction des intérêts de certains individus, au nom d'un intérêt collectif. Mais cet intérêt collectif (ou intérêt général) ne peut être légitime que si son application augmente la satisfaction globale des intérêts individuels. Avec la reconnaissance de l'existence d'un intérêt général nous sommes dans un régime républicain. Celui-ci pris dans sa définition strict (comme celle de Platon dans sa "République idéale") s'organise à partir d'une idée, d'une vérité, d'un intérêt général, qui dépasse les individus et qui vient ainsi régler les intérêts propres de chaque individu. L'autonomie et la liberté des individus s'en trouve par là soumise à l'intérêt général, lui-même définit, en dehors des individus et de leurs intérêts particuliers. Pour la République stricto sensus c'est donc la société qui est première et en particulier la communauté politique dont la République règle les institutions (La République s'applique ainsi souvent de nos jours au niveau de la nation). L'avantage de la République c'est qu'elle évite les problèmes d'arbitrage entre les intérêts individuels. Elle pousse aussi à une forte cohésion sociale car chacun se retrouvant dans une même idée de la République, dans les mêmes valeurs, se sent proche des autres, de ses concitoyens. C'est ainsi que la République veut promouvoir la fraternité en reprenant ce concept à la religion chrétienne qui veut que nous sommes tous frères car nous avons tous les mêmes père et mère (voir le mythe de la Genèse).
Ainsi donc ces trois régimes politiques : libéral, socialiste et républicain qui s'opposent quand à leurs principes fondateurs, et qui semble s'affronter tous les jours sur la scène politicienne, peuvent au contraire se compléter et se renforcer mutuellement. C'est bien d'ailleurs ce qui se passe bon an mal an dans nos sociétés contemporaines. La liberté individuelle, et les droits de l'individu, y sont reconnus comme premiers, la redistribution y est pratiquée pour assurer plus d'égalité, la cohésion sociale autour de valeurs communes est revendiquée au nom de la République.
Que cet équilibre soit instable c'est vrai, en particulier depuis les 20 à 30 dernières années où les recettes ultra-libérales ont accrues les inégalités, et pousser à la marchandisation de tout domaine de la vie sociale, exacerbant ainsi l'individualisme en utilisant les ressorts de l'égoïsme (publicité …) pour pousser à la consommation. La mondialisation des échanges déstabilisent les sociétés du Nord en lançant celles des pays émergents dans une industrialisation sans lois sociales comme nous l'avons connu au 19ème siècle. Le fanatisme et les différents intégrismes, sans doute en réaction à cette mondialisation sans règles, viennent mettre en péril les valeurs de liberté individuelle et de tolérance. Toujours en réaction à cette mondialisation, les tendances aux replis nationalistes (égoïsmes nationaux) se multiplient depuis quelques années en Europe. Nous assistons aussi, actuellement à la dévalorisation de toute forme d’activité collective. L’adhésion à un parti ou même à un syndicat y est vu comme une sorte d’aliénation de sa liberté individuelle. L'individualisme contemporain a ainsi pris un tour différent de celui des années de croissance d'après guerre. Il relève effectivement plus aujourd'hui de l'égoïsme car axé sur la seule jouissance de la consommation immédiate … et non pas sur l'exercice de son autonomie individuelle au service d'actions collectives comme peut l'être l'engagement dans un parti, qui relève bien de l'action individuelle, donc de l'individualisme mais au service d'une cause collective dans le temps.
Ces constats étant fait, que faire ? La réponse aux problèmes que j'ai cités ci- dessus, figure dans l'équilibre dont je parlais entre ces trois régimes politiques antagonistes mais qu'il faut faire vivre ensemble. Il faut rétablir l'équilibre aujourd'hui rompu … par des mesures de réformes radicales … réformes car toute révolution viserait à détruire l'équilibre là ou il faut le rétablir. Il faut donc bien se garder de jeter le bébé de l'individualisme (et donc de la place première attribué à l'individu dans nos sociétés démocratiques) avec l'eau du bain de l'ultra-libéralisme actuel !
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